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Des signatures immunitaires dans le sang pour prédire les traitements efficaces chez les patients critiques

il y a 6 jours

Lorsqu’un patient arrive en urgence dans un état critique, les médecins doivent rapidement répondre à des questions essentielles : l’infection est-elle présente ? Est-elle bactérienne ou virale ? Un traitement est-il nécessaire ? Peut-il être pris en charge à domicile ou doit-il être hospitalisé ? Même en cas de diagnostic d’infection, le choix du traitement n’est pas toujours évident. Certains patients atteints de sepsis répondent bien aux corticoïdes, tandis que d’autres voient leur état s’aggraver. Des indices provenant de la réponse immunitaire du patient pourraient aider les cliniciens à déterminer rapidement et précisément le bon plan thérapeutique. Dans deux études récentes publiées dans Nature Medicine, Purvesh Khatri, professeur de bioinformatique à Stanford, a développé une approche basée sur des signatures génétiques des cellules immunitaires pour répondre à ces questions. Ces signatures, mesurées dans le sang, reflètent l’état immunitaire d’un patient et permettent d’évaluer non seulement la présence d’une infection, mais aussi son type, sa gravité et la réponse potentielle au traitement. Cette méthode pourrait révolutionner la prise en charge des patients en détresse critique, notamment en cas de sepsis, de brûlures, de traumatismes ou de détresse respiratoire aiguë. Khatri et son équipe ont déjà démontré que les signatures génétiques des cellules immunitaires permettent de diagnostiquer une infection et de prédire sa sévérité. Ces découvertes ont mené au développement d’un test clinique, TriVerity, approuvé par la FDA. Ce test analyse l’activité de 29 gènes à l’aide d’intelligence artificielle pour fournir trois scores : probabilité d’infection bactérienne, probabilité d’infection virale, et risque de nécessiter une prise en charge en réanimation dans les sept jours. Une étude de validation impliquant 1 222 patients issus de 22 services d’urgence aux États-Unis et en Europe a montré que TriVerity surpassait trois critères cliniques standards en précision diagnostique, en prédiction de gravité et en orientation vers une prescription d’antibiotiques. Une autre étude, basée sur plus de 7 000 échantillons provenant de 37 cohortes dans 13 pays, a permis de concevoir un nouveau système de notation, le HI-DEF (Human Immune Dysregulation Evaluation Framework), qui évalue deux types de déséquilibres immunitaires : myéloïde (cellules myéloïdes désordonnées) et lymphoïde (cellules lymphoïdes désordonnées), ou un déséquilibre systémique combiné. Les patients sont classés en quatre groupes. Une augmentation des signatures « mauvaises » par rapport aux « bonnes » est fortement associée à de mauvais pronostics dans diverses pathologies critiques. Ces résultats ouvrent la voie à une médecine personnalisée en soins intensifs. Par exemple, les patients avec une dysrégulation myéloïde pourraient bénéficier de traitements ciblant cette voie immunitaire, tandis que ceux avec une dysrégulation lymphoïde nécessiteraient des traitements spécifiques à cette branche. Des analyses ont également montré que les patients présentant une forte dysrégulation lymphoïde, qu’ils soient atteints de sepsis ou de brûlures, avaient une meilleure survie sous corticoïdes, tandis que ces traitements s’avéraient néfastes chez les patients à réponse immunitaire équilibrée. Khatri envisage de combiner TriVerity et HI-DEF pour créer un outil unique capable d’analyser un échantillon sanguin en moins de 30 minutes, fournissant un diagnostic, une évaluation de gravité et une recommandation thérapeutique personnalisée. À long terme, il espère que ce type d’évaluation pourra être intégré aux bilans de santé annuels, permettant de détecter précocement les signes de déséquilibre immunitaire, même avant l’apparition de symptômes graves. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer si des changements de mode de vie peuvent modifier ces signatures, mais les premiers résultats suggèrent un lien fort entre déséquilibre immunitaire et risques de maladies chroniques comme le diabète. En résumé, ces avancées marquent le début d’une ère de médecine de précision en soins critiques, où le traitement sera guidé non plus par des symptômes généraux, mais par une compréhension fine de l’état immunitaire du patient.

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