SiPearl Finalise le Financement et la Production de sa Puce Rhea1 pour les Processeurs Serveur HPC et AI
Avec la levée de fonds de série A et la sortie de Rhea1, SiPearl affirme sa place dans le domaine des processeurs HPC La déclaration d'indépendance européenne des GPU Nvidia n'est pas une option pratique à ce stade, tout comme pour les autres nations. Les difficultés liées à l'accélération d'un logiciel d'IA et de calcul haute performance (HPC) diversifié sur des dispositifs massivement parallèles équipés de mémoires à bande passante élevée rendent cette tâche particulièrement ardue. Bien que AMD puisse être une alternative, les hyper.scalers et les fournisseurs de services cloud des États-Unis et de Chine conçoivent et fabriquent leurs propres processeurs d'IA et HPC (XPUs). Cependant, l'Europe peut certainement concevoir son propre processeur de serveur, et ce, spécialement optimisé pour les charges de travail HPC et IA, en complément des accélérateurs Nvidia et AMD ou directement. C'est précisément le pari que tente le fabricant français de puces SiPearl avec la famille de processeurs Arm "Rhea". Cette semaine, SiPearl a annoncé la clôture de la troisième tranche de sa levée de fonds de série A, amassant €32 millions (environ $37.5 millions). Cette augmentation de capital porte le total de la série A à €130 millions (environ $152.3 millions). La première tranche de €90 millions (alors équivalente à $98.2 millions) avait été rapportée en avril 2023. Initialement, la puce Rhea1 était censée être finalisée à la fin de 2023, mais elle n'a été réellement sortie (tapeout) qu'il y a quelques semaines. Le projet Rhea1 a débuté en janvier 2020 sous l'égide de l'European Processor Initiative, financé par diverses sources dans l'Union européenne. SiPearl emploie aujourd'hui 200 concepteurs de puces en France, Espagne et Italie. L'aboutissement de ces efforts est la puce Rhea1, dotée de 80 cœurs Neoverse V1 Zeus et de 61 milliards de transistors, gravés selon le procédé N6 de 6 nanomètres de Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. (TSMC). L'objectif est maintenant de permettre aux clients de recevoir des échantillons de Rhea1 dès le début 2026. Architecture de la Puce Rhea1 La Rhea1 intègre une architecture mixte de mémoire, combinant DDR5 et HBM, ce qui lui confère une capacité de calcul et de bande passante suffisantes pour effectuer des travaux intéressants. Elle fera ses premiers pas dans le segment "CPU-only" appelé "Universal Cluster" du supercalculateur "Jupiter" au Forschungszentrum Jülich en Allemagne. Ce cluster sera composé de plus de 1,300 nœuds à deux sockets Rhea1. Cependant, la majeure partie du calcul de Jupiter proviendra du module "GPU Booster", basé sur des superpuces paires de processeurs Arm "Grace" CG100 de Nvidia et de processeurs graphiques "Hopper" H200 de Nvidia. Ce module comprend 23,536 unités de processeur Hopper. Les processeurs Grace servent principalement à étendre la mémoire des GPU et à exécuter des fonctions hôtes. Comparaison avec d'autres Processeurs Il existe des précédents de processeurs Arm nationaux axés sur l'HPC et l'IA. Le Japon a son processeur A64FX, également basé sur l'architecture Arm et la première implémentation des extensions vectorielles Scalable Vector Extensions (SVE). Ce processeur, doté de quatre banques de mémoire HBM2, est au cœur du supercalculateur "Fugaku" au RIKEN Lab. De son côté, l'Inde développe son processeur "Aum" pour l'HPC, qui comprendra deux complexes de calcul à 48 cœurs sur un interposant 2.5D, avec une liaison die-to-die entre ces complexes pour créer un complexe de calcul avec 96 cœurs "Zeus" Neoverse V1 et quatre piles de mémoire HBM3, ainsi que seize canaux mémoire DDR5. L'importance d'une architecture mixte de mémoire DDR5 et HBM est particulièrement soulignée par la performance du processeur "Sapphire Rapids" Xeon Max d'Intel, le seul processeur X86 actuellement sur le marché avec une mémoire HBM. Sur certains benchmarks HPC, notamment l'OpenFOAM pour la dynamique des fluides computationnelle, le passage de DDR5 à HBM2E a permis au Sapphire Rapids de réaliser 1.8 fois plus de travail. Intel n'a cependant pas offert d'option de mémoire mixte pour le Sapphire Rapids, semblant avoir oublié les besoins spécifiques des clients HPC en matière de bande passante mémoire. AMD, quant à lui, conserve toute sa mémoire HBM pour sa guerre des GPU contre Nvidia. Enjeux pour SiPearl Parmi toutes les caractéristiques excitantes de la Rhea1, ce n'est pas le nombre de cœurs qui retient l'attention, mais la capacité de disposer des deux types de mémoire. Cette flexibilité pourrait offrir une accélération significative pour les applications HPC liées à la bande passante mémoire plutôt que à la capacité de calcul ou de mémoire. SiPearl espère que les benchmarks réalisés sur le segment "Universal Cluster" du supercalculateur Jupiter confirmeront ces avantages. Pour produire la puce Rhea2 et atteindre ses objectifs futurs, connus sous le nom de "Kronos", SiPearl aura besoin de plus de financement. Jean-Luc Gilbert, le directeur financier de SiPearl, a révélé lors d'une conférence de presse que la société recherchait un investissement de €200 millions (environ $234.4 millions) entre 2026 et 2028 dans le cadre de la série B. Investisseurs Clés Cette dernière tranche de la série A a attiré des investisseurs supplémentaires, notamment Cathay Venture, filiale de Cathay Financial Holdings, l'une des plus grandes holdings taïwanaises. Le European Innovation Council Fund et le gouvernement français ont également participé à cette tranche. Les investisseurs précédents, tels qu'Arm Holdings et Atos, ont aussi contribué aux tranches antérieures. SiPearl, grâce à son projet audacieux de-developper des processeurs Arm pour l'HPC, montre une voie de développement technologique indépendante pour l'Europe. Sa capacité à lever des fonds et à collaborer avec des acteurs internationaux promet des avancées significatives dans le domaine des supercalculateurs, répondant aux besoins croissants en matière de calcul et de performance mémoire.