Google nie que ses outils de recherche par IA réduisent le trafic vers les sites web
De nombreuses études suggèrent que l’intégration des fonctionnalités d’intelligence artificielle (IA) dans les moteurs de recherche, notamment les résumés générés par l’IA et les chatbots, réduit considérablement le trafic vers les sites éditoriaux. Cependant, Google affirme le contraire dans un billet de blog publié mercredi. Selon Liz Reid, vice-présidente et responsable de la recherche chez Google, le volume total de clics organiques provenant de Google vers les sites web est « relativement stable » d’une année sur l’autre, et la qualité moyenne de ces clics a même légèrement augmenté. Elle rejette les rapports tiers qui évoquent des baisses drastiques, les qualifiant de basés sur des méthodologies biaisées, des exemples isolés ou des tendances antérieures à l’arrivée des fonctionnalités IA dans Search. Bien que Google ne fournisse pas de données concrètes pour étayer ses affirmations, l’entreprise admet que le trafic est en train de se redistribuer : certains sites voient leur trafic baisser, d’autres augmenter. Ce « certains » reste flou, car Google ne précise pas les proportions. Cependant, des tendances claires émergent : les sites proposant des forums, des vidéos, des podcasts ou des témoignages authentiques gagnent en visibilité. Les utilisateurs semblent privilégier des contenus riches, originaux et humains, plutôt que des réponses synthétiques directement affichées dans les résultats. Google a progressivement transformé son moteur de recherche pour répondre aux questions directement sur la page, notamment grâce aux « Aperçus IA » qui apparaissent en haut des résultats. Ces fonctionnalités, couplées à un chatbot intégré, ont suscité des inquiétudes quant à l’avenir du trafic web. Pourtant, Google insiste sur le fait que l’IA n’est pas la cause principale de la baisse du trafic, mais plutôt un élément d’un phénomène plus large. Depuis plusieurs années, les jeunes utilisateurs délaissent Google pour des plateformes comme TikTok ou Instagram lorsqu’ils cherchent un restaurant, selon des déclarations de Prabhakar Raghavan, ancien responsable des connaissances chez Google. De même, Amazon et Reddit sont devenus des points d’entrée privilégiés pour les achats et les recherches d’information. Face à ces changements, Google a tenté de renforcer son offre avec des fonctionnalités comme les paniers universels, la recherche par image ou des listes d’offres gratuites pour les marchands. Il a même ajouté un filtre « forums » (anciennement « Reddit ») pour mieux orienter les utilisateurs vers des contenus interactifs. Malgré ces efforts, le trafic vers les médias numériques continue de chuter. Une étude de Similarweb montre que le pourcentage de recherches sur l’actualité qui ne conduisent à aucun clic vers un site d’information est passé de 56 % à 69 % entre mai 2024 et mai 2025, après le lancement des Aperçus IA. Google tente de réorienter la conversation en mettant l’accent sur la « qualité » des clics plutôt que leur volume. Selon Reid, les utilisateurs qui cliquent sur une source citée dans un résumé IA passent plus de temps sur le site pour approfondir leurs connaissances. Ces clics, selon Google, sont donc plus « précieux ». L’entreprise affirme aussi que l’IA ouvre de nouvelles opportunités : plus de requêtes, plus de liens affichés, donc plus de chances de visibilité. Toutefois, les éditeurs restent sceptiques. Malgré les milliards de clics que Google affirme encore envoyer chaque jour, les signes d’un déclin structurel sont difficiles à ignorer. Google lui-même reconnaît le problème en lançant des outils pour aider les éditeurs à monétiser leur trafic autrement, via des micro-paiements ou des abonnements à des newsletters. En défendant l’idée que l’IA ne tue pas le trafic, Google semble chercher à rassurer les éditeurs, mais cette communication stratégique ne change pas le constat : le paysage numérique évolue rapidement, et les modèles traditionnels de trafic sont en mutation.