L’essor de l’IA oblige à repenser la sécurité cloud : le fondateur de Wiz en appelle à une sécurité intégrée, rapide et accessible à tous
La montée de l’intelligence artificielle (IA) redéfinit profondément la sécurité informatique, selon Ami Luttwak, cofondateur et directeur technique de Wiz, société israélo-américaine spécialisée dans la sécurité du cloud. L’acquisition de Wiz par Google, annoncée en mars pour un montant d’environ 32 milliards de dollars, en fait l’un des plus gros rachats de l’histoire de la tech, et constitue un test majeur pour la politique des fusions et acquisitions sous l’administration Trump. Luttwak, qui avait déjà cofondé Adallom avant de la vendre à Microsoft en 2015, voit dans cette nouvelle phase une continuité de son parcours entrepreneurial : une équipe soudée, une capacité à pivoter face aux crises, et une vision centrée sur les vrais problèmes des entreprises. Fondée en mars 2020, Wiz a rapidement évolué de la sécurité réseau vers la sécurité cloud, une transition rendue nécessaire par la crise sanitaire. Le passage massif au cloud pendant la pandémie a créé un besoin urgent de solutions adaptées. En moins de deux ans, la société a atteint 100 millions de dollars de revenus annuels récurrents, dépassant largement ses attentes initiales. Aujourd’hui, Wiz est confrontée à un nouveau bouleversement : l’essor de l’IA générative, capable de produire du code à une vitesse inédite. Selon Luttwak, les développeurs peuvent désormais « vibe-coder » une application en une heure, ce qui multiplie par cent le rythme de développement. Face à cela, les équipes de sécurité, souvent en nombre insuffisant, sont dépassées. Le défi, selon lui, n’est pas seulement technique, mais culturel : il faut intégrer la sécurité dans le flux de travail des développeurs, sans ralentir l’innovation. « Si les builders peuvent vibe-coder, la sécurité doit vibe avec eux », affirme-t-il. Pour y parvenir, Wiz mise sur une sécurité démocratisée, autonome et accessible à tous, où chaque développeur assume la responsabilité de la sécurité de ses propres applications. L’objectif est de rendre la sécurité aussi intuitive que l’iPhone, facile à utiliser sans expertise technique. Luttwak reconnaît que l’IA pose des défis majeurs, notamment en matière de confiance et de sécurité des données. Certains clients exigent que l’IA ne soit pas utilisée du tout, tandis que d’autres la réclament pour améliorer la détection des menaces. Wiz travaille à des pipelines distincts — internes pour l’entreprise, externes pour les produits — afin d’exploiter l’IA sans compromettre la sécurité des données clients. Malgré les promesses de l’IA, Luttwak insiste sur une réalité : elle ne remplace pas les ingénieurs expérimentés, surtout sur les systèmes complexes. Face à la menace d’une nouvelle génération de startups spécialisées dans la sécurité cloud, nourries par l’IA, Luttwak affirme que la clé réside dans la profonde connaissance de l’environnement client. Wiz, comme Google Maps, combine plusieurs couches de données — code, réseau, identité, secrets, malwares — pour offrir une vision complète. Cette richesse de données, combinée à une compréhension fine des environnements cloud, constitue un avantage durable. « L’IA n’est aussi intelligente que les données qu’elle reçoit », souligne-t-il. Le défi n’est donc pas de créer une IA plus puissante, mais de l’adapter intelligemment aux besoins réels des équipes de sécurité. Enfin, Luttwak rejette l’idée que Wiz a perdu son âme de startup. Malgré ses cinq ans d’existence et sa taille croissante, il se sent toujours dans l’esprit d’une entreprise innovante, guidée par une équipe soudée et une mission claire : anticiper les menaces avant qu’elles ne se matérialisent.