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Le CEO de Cloudflare prévient : l’IA pourrait transformer l’internet en un système de contrôle informationnel aux mains de quelques géants

il y a 4 jours

Matthew Prince, PDG de Cloudflare, a lancé un avertissement inquiétant sur l’avenir d’Internet face à l’expansion rapide de l’intelligence artificielle. Dans une interview avec le podcast Big Interview de WIRED, il affirme que les moteurs de recherche, autrefois au cœur de l’expérience web, sont désormais dépassés. À la place, les utilisateurs reçoivent désormais des « résumés d’IA » — des synthèses générées par des modèles d’intelligence artificielle qui rassemblent, compilent et réinterprètent du contenu existant. Selon Prince, l’IA ne fonctionne pas comme un moteur de recherche, mais comme un « moteur de réponses », qui ne pousse pas le trafic vers les sites originaux. Or, c’est précisément ce trafic qui finance les créateurs de contenu : journalistes, chercheurs, écrivains, etc. Il envisage trois scénarios futurs. Le premier, selon lui peu probable, est une disparition totale du contenu humain, où tout serait généré par l’IA — une version moderne de la « théorie de l’Internet mort », selon laquelle les interactions en ligne seraient dominées par des bots. Mais Prince estime que l’IA dépend encore fortement du contenu humain pour s’entraîner, donc ce scénario reste improbable. Le deuxième scénario, qu’il juge « effrayamment probable », évoque une renaissance du modèle des mécènes du XVe siècle, comme la famille Médicis à Florence. Dans cette vision dystopique, les grandes entreprises d’IA — Anthropic, Perplexity, OpenAI — recruteraient progressivement les journalistes, chercheurs et créateurs de contenu, devenant les seuls fournisseurs autorisés d’information. Ces entreprises contrôleraient non seulement la production, mais aussi la diffusion, en orientant les réponses selon leurs propres idéologies. Des exemples récents, comme le comportement de Grok d’xAI qui semble s’aligner sur les opinions d’Elon Musk, renforcent cette inquiétude. Le résultat ? Une fragmentation idéologique de l’information, avec des « versions conservatrices, libérales, chinoises, indiennes » de la vérité, chacune accessible via des abonnements à des géants technologiques. L’Internet, qui devait être un égalisateur mondial de l’information, deviendrait un système cloisonné. Le troisième scénario, le plus optimiste, est celui que Cloudflare soutient activement : créer une économie du contenu où les créateurs peuvent contrôler l’accès à leurs œuvres. Prince estime que l’ère du contenu gratuit pour l’IA touche à sa fin. Il prévoit que les entreprises d’IA devront bientôt payer pour accéder au contenu, comme Netflix licence des contenus. Cloudflare a déjà pris des mesures concrètes : en été, il a permis à ses clients de bloquer les robots d’IA qui scrapent leurs sites, sauf paiement. Des groupes comme l’Associated Press et Condé Nast utilisent déjà cette fonctionnalité. Récemment, Penske Media Corporation a porté plainte contre Google pour son « Aperçu d’IA » dans les résultats de recherche, accusant l’entreprise de voler du contenu sans compensation. Ce modèle pourrait sauver l’écosystème de l’information, mais soulève de nouvelles questions. Si les médias deviennent des « services de filtre » pour les chatbots, quelle sera la nouvelle logique de la production d’information ? L’ère de l’engagement comme priorité, inaugurée par Google, pourrait être remplacée par celle de la rentabilité pour les IA. Pour Prince, la survie de Cloudflare passe par la préservation d’un Internet vivant, diversifié et équitable. Le défi n’est plus seulement technique, mais fondamentalement éthique et économique.

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