Perplexity lance une offre surprise de 34,5 milliards pour racheter Chrome, au moment où Google s'apprête à entendre la décision antitrust décisive
Google fait face à une menace inédite avec l’offre de Perplexity AI d’acquérir son navigateur Chrome pour 34,5 milliards de dollars, un geste symbolique survenu à la veille de l’anniversaire de l’IPO de l’entreprise, le 19 août. Bien que les analystes considèrent cette proposition comme peu crédible – surtout qu’elle dépasse largement la valorisation actuelle de Perplexity, estimée à 18 milliards de dollars – elle marque un tournant dans la pression réglementaire croissante contre Google. Cette offre intervient alors qu’un juge américain doit rendre sa décision sur une possible scission de l’entreprise, suite à une victoire du Département de la Justice (DOJ) en 2023. Le DOJ avait accusé Google d’avoir maintenu un monopole dans le marché de la recherche en intégrant Chrome et ses services dans un écosystème fermé, notamment via la préinstallation sur les Chromebooks. La divestiture de Chrome est désormais une option sérieuse, même si Google, par la voix de son directeur juridique Kent Walker, la qualifie d’« ingérence gouvernementale sans précédent » pouvant nuire à la compétitivité technologique américaine. En attendant le verdict, les investisseurs scrutent l’avenir de Alphabet, dont la valeur repose encore majoritairement sur les publicités liées à la recherche, mais qui s’oriente fortement vers l’IA. Le groupe a investi des dizaines de milliards de dollars dans l’infrastructure IA, tout en voyant son modèle traditionnel de recherche ébranlé par des outils comme ChatGPT. Face à ce contexte, des analystes suggèrent qu’une scission pourrait même être bénéfique pour les actionnaires. D.A. Davidson estime que la seule voie viable serait une séparation totale, permettant aux investisseurs de posséder des actifs alignés sur leurs attentes. Les évaluations des divisions clés varient fortement. Chrome, bien que non directement rentable, est estimé entre 50 et 579 milliards de dollars selon les analystes, en fonction de son rôle central dans la publicité ciblée. Barclays prévient que sa perte pourrait entraîner une chute de 15 à 25 % du cours d’Alphabet. Google Cloud, troisième acteur mondial derrière AWS et Azure, est valorisé entre 549 et 682 milliards de dollars, grâce à sa croissance rapide, son infrastructure IA et son portefeuille de clients. En 2025, il a généré 2,8 milliards de dollars de bénéfice opérationnel sur 13,6 milliards de revenus, avec un arriéré de commande de 106 milliards. L’acquisition de Wiz pour 32 milliards de dollars illustre son ambition de renforcer sa position en cybersécurité. YouTube, acquis en 2006 pour 1,65 milliard de dollars, est estimé entre 271 et 550 milliards, selon les analystes. Il a dépassé Netflix en engagement utilisateur et génère 9,8 milliards de dollars de revenus publicitaires au deuxième trimestre 2025. Son segment abonnements, incluant YouTube TV et NFL Sunday Ticket, connaît une croissance soutenue. Enfin, Waymo, la filiale de véhicules autonomes, est valorisée entre 60 et 300 milliards de dollars. Avec plus de 1,500 voitures opérationnelles et plus de 100 millions de kilomètres sans conducteur, elle est leader américain. Bien que l’ensemble des « Other Bets » reste perdant, les projections de D.A. Davidson et Oppenheimer suggèrent une valeur potentielle majeure, notamment si la rentabilité devient durable d’ici 2040. Cette situation souligne une transformation profonde : Google, en tant que monolithe, pourrait bientôt se dissocier en actifs plus flexibles, chacun valorisé selon son potentiel de croissance.