Cloudflare lance le premier CDN Media over QUIC : la fin de WebRTC est-elle proche ?
Cloudflare vient de lancer le premier CDN à offrir nativement Media over QUIC (MoQ), une avancée majeure pour la diffusion en direct sur le web. Ce lancement, annoncé le 21 août 2025, marque une étape décisive dans l’essor d’un protocole prometteur destiné à remplacer progressivement WebRTC, HLS/DASH, et même RTMP/SRT. MoQ, basé sur QUIC, vise à offrir une latence plus faible, une meilleure résilience aux pertes de paquets et une intégration plus fluide avec les API web modernes. Le service est actuellement en phase de prévisualisation technique, gratuit et accessible via un point d’accès public : relay.cloudflare.mediaoverquic.com. Les développeurs peuvent tester la diffusion en direct directement dans le navigateur en utilisant des bibliothèques compatibles comme @kixelated/hang, imquic, moxygen ou des forks du code initial. Une interface Web basée sur des composants personnalisés (<hang-publish> et <hang-watch>) permet de publier et de regarder des flux en temps réel, avec prise en charge audio, vidéo, et même des sous-titres générés en temps réel grâce à une stack d’IA intégrée (Silero-VAD, Whisper, Transformers.js, ONNX Runtime Web, WebGPU). L’approche de Cloudflare est particulièrement significative : elle montre qu’il est possible de déployer une solution mature avant même la finalisation du standard MoQ. L’entreprise utilise une version modifiée d’un dépôt initial, malgré ses limites, et s’engage à évoluer rapidement. Cela illustre une stratégie audacieuse : plutôt que d’attendre des années de standardisation, comme cela a été le cas pour QUIC (2012–2021), il faut lancer, expérimenter, et apprendre avec des utilisateurs réels. Le projet n’est pas sans défis : la version actuelle ne couvre qu’un sous-ensemble ancien du draft-07, et certaines fonctionnalités comme l’authentification par JWT ou un fallback WebSocket pour Safari sont des ajouts récents. Pour les plus ambitieux, il est possible de déployer son propre relais MoQ via Terraform, ou même d’exploiter une implémentation Rust pour intégrer des flux provenant de FFmpeg ou GStreamer — une option particulièrement utile pour les flux complexes ou hors navigateur. L’impact de ce lancement est profond. Il donne une légitimité concrète au standard MoQ, qui souffrait jusque-là d’un manque de preuves d’usage réel. En permettant à des développeurs du monde entier d’expérimenter un CDN global, Cloudflare accélère la maturation du protocole. C’est une réponse directe à la critique selon laquelle les standards trop longs à se former risquent de mourir avant d’être adoptés. Les experts du secteur saluent cette initiative comme un tournant. Elle démontre que l’innovation ne doit pas attendre la perfection du RFC. Comme le souligne l’auteur du blog, @kixelated, « il faut juste construire quelque chose » — une philosophie qui pourrait bien sauver MoQ de l’immobilisme. Les entreprises comme Google, Akamai ou Fastly sont désormais invitées à suivre le mouvement : déployer du code, tester, itérer. À l’avenir, MoQ devrait intégrer des fonctionnalités avancées comme la détection d’objets en temps réel dans les flux vidéo, ou des systèmes de transmission de données structurées via des tracks MoQ. Ces fonctionnalités, déjà expérimentées dans le projet hang.live, ouvrent la voie à des applications innovantes en réalité augmentée, surveillance intelligente ou streaming interactif. En somme, Cloudflare n’a pas seulement lancé un produit : il a lancé une révolution. MoQ, longtemps un projet théorique, devient une réalité. Et pour la première fois, on peut dire qu’il est en train de régner.