VR en crise : les lunettes intelligentes font pencher la balance

La réalité virtuelle (VR) traverse actuellement une période difficile, tandis que les lunettes intelligentes semblent prendre le relais. Depuis 2023, l’engouement pour les casques VR a nettement décliné, au point que Meta, l’un des principaux acteurs du secteur, a annoncé une baisse de ses ventes au premier trimestre 2025 : 412 millions de dollars contre 440 millions un an plus tôt. Cette chute est principalement attribuée à une forte diminution des ventes de ses casques Quest. En revanche, les ventes des lunettes Ray-Ban Meta, équipées d’IA, ont triplé sur la même période, selon le directeur financier de Meta, Susan Li, qui précise que cette croissance compense partiellement la baisse des ventes de Quest. Ce décalage n’est pas anodin : il révèle un tournant stratégique majeur dans l’évolution des technologies immersives. Si les casques VR comme le Quest 3S restent techniquement performants, leur adoption reste freinée par des inconvénients réels : poids, inconfort prolongé, transpiration, et une expérience intrusive qui limite leur utilisation quotidienne. En revanche, les lunettes intelligentes, bien que encore limitées — notamment par l’absence de visualisation en réalité étendue (XR/AR) — offrent une forme légère, discrète et confortable. Elles permettent déjà des fonctionnalités utiles comme l’écoute audio Bluetooth, l’assistant vocal ou des interactions basées sur l’IA, sans imposer un fardeau physique ou social. Leur design proche des lunettes classiques les rend portables pendant des heures, idéales pour des usages réels : prendre des photos, appeler un proche, consulter des informations rapidement. Cette évolution s’inscrit dans une tendance plus large. Les discours récents de Tim Cook (Apple) et Mark Zuckerberg (Meta) mettent tous deux l’accent sur le potentiel des lunettes intelligentes comme futur point d’entrée pour l’expérience numérique. Contrairement à la VR, qui reste cantonnée à des usages récréatifs ou spécialisés, les lunettes intelligentes s’insèrent naturellement dans la vie quotidienne. Elles incarnent une approche plus pragmatique : faire un peu bien, plutôt que tout faire mal. C’est cette logique qui explique leur ascension rapide. En somme, la VR n’est pas morte, mais elle est en pause. Les investissements se déplacent vers des solutions plus intégrées, plus discrètes, plus utiles au quotidien. Pour les amateurs de VR, cela signifie peut-être attendre encore un peu avant de voir un avenir entièrement immersif. Mais pour les utilisateurs ordinaires, les lunettes intelligentes offrent déjà une porte d’entrée accessible, réelle et prometteuse vers l’ère de l’expérience augmentée. Le futur n’est plus dans le casque, mais dans les lunettes.