L’État américain devient actionnaire d’Intel avec une prise de participation de 8,9 milliards de dollars pour renforcer la souveraineté technologique américaine
Intel et l’administration Trump concluent un accord historique visant à accélérer la leadership technologique et industrielle américaine dans le domaine des semi-conducteurs. Dans le cadre de cet accord, le gouvernement américain investira 8,9 milliards de dollars dans les actions ordinaires d’Intel, reflétant sa confiance dans la capacité de la société à renforcer les priorités nationales, notamment en matière de sécurité économique et nationale. Ce financement provient des 5,7 milliards de dollars en subventions restantes attribués à Intel sous le CHIPS and Science Act, ainsi que des 3,2 milliards de dollars issus du programme Secure Enclave. Ce montant s’ajoute aux 2,2 milliards déjà reçus, portant le total des aides publiques à 11,1 milliards de dollars. L’investissement du gouvernement correspond à l’acquisition de 433,3 millions d’actions à 20,47 $ chacune, équivalent à une participation de 9,9 % dans Intel. Il s’agit d’une position passive, sans droit de gouvernance ni représentation au conseil d’administration, avec une obligation de vote en accord avec les décisions du conseil, sauf exceptions. Le gouvernement recevra également un warrant de cinq ans, permettant d’acquérir 5 % supplémentaires d’actions à 20 $, exercice conditionnel au cas où Intel ne détiendrait plus au moins 51 % de sa filiale de fabrication (foundry). Les clauses de remboursement (claw-back) et de partage des bénéfices liées aux 2,2 milliards déjà versés seront supprimées, assurant ainsi la pérennité du capital investi. Intel poursuit son expansion massive aux États-Unis, avec plus de 100 milliards de dollars investis dans la construction de nouvelles usines et le développement technologique depuis 2019. Le site de fabrication de nouvelle génération en Arizona, qui utilise la technologie de gravure la plus avancée sur sol américain, devrait entrer en production de masse plus tard cette année. Sous la direction de Lip-Bu Tan, devenu PDG en mars, la société a renforcé sa position financière, rétabli une culture centrée sur l’ingénierie et accéléré sa stratégie de renaissance. Ce partenariat est salué par plusieurs géants technologiques. Satya Nadella (Microsoft), Michael Dell (Dell Technologies), Enrique Lores (HP) et Matt Garman (AWS) soulignent l’importance d’un écosystème semi-conducteur américain fort, résilient et sécurisé, essentiel à l’innovation, à l’intelligence artificielle et à la sécurité nationale. Leur soutien témoigne d’une convergence d’intérêts entre le secteur privé et l’administration Trump pour reconstruire la chaîne de valeur américaine des puces. À l’échelle du secteur, cet accord illustre une volonté croissante de délocaliser la production technologique vers les États-Unis, en réponse aux tensions géopolitiques, aux ruptures de chaîne d’approvisionnement et à la compétition stratégique, notamment avec la Chine. Intel, en tant que seul fabricant américain à maîtriser à la fois la recherche-développement de pointe et la fabrication en silicium, incarne cette ambition. Le succès de ce partenariat dépendra de la capacité d’Intel à exploiter efficacement les fonds, à respecter ses engagements, à innover rapidement et à maintenir une chaîne logistique robuste face aux risques géopolitiques et économiques. Enfin, l’investissement gouvernemental, bien que stratégique, reste soumis à des conditions législatives, budgétaires et réglementaires. Les risques incluent des retards dans la finalisation de l’accord, des changements dans la politique publique, des tensions commerciales, des perturbations technologiques ou des défauts produits. Intel reste vigilant sur ces enjeux, tout en affirmant sa détermination à transformer l’industrie des semi-conducteurs américaine.