Andrew Yang prévient : l’IA pourrait détruire 40 millions d’emplois d’ici dix ans
Andrew Yang, qui avait prévenu dès 2018 des effets dévastateurs de l’automatisation sur le marché du travail, affirme aujourd’hui que la crise qu’il prédisait est devenue réalité. Dans une récente interview avec CNN, il estime que l’intelligence artificielle pourrait éliminer entre 30 et 40 millions d’emplois aux États-Unis au cours de la prochaine décennie. Cette estimation repose sur son constat selon lequel 44 % des emplois américains — notamment ceux répétitifs, manuels ou cognitifs — sont vulnérables à l’automatisation. Des études récentes confirment cette tendance : selon l’indice Iceberg du MIT, les systèmes d’IA sont déjà capables de réaliser 11,7 % des compétences présentes sur le marché du travail américain, soit environ 1,2 trillion de dollars de salaires dans des secteurs comme la finance, la santé et les services professionnels. Des entreprises comme Amazon, Salesforce, Walmart, HP, IBM et Fiverr ont récemment annoncé des licenciements liés à l’automatisation ou à l’intégration de l’IA. Amazon, par exemple, estime pouvoir éviter de recruter plus de 600 000 travailleurs aux États-Unis grâce à la robotisation, avec pour objectif à long terme d’automatiser 75 % de ses opérations. Une analyse de l’IMF de 2024 prévoit que 60 % des emplois dans les économies avancées seront affectés par l’IA, dont la moitié bénéficieraient de la technologie, tandis que l’autre moitié subirait des pertes. Le rapport McKinsey Global Institute souligne également que plus de la moitié des heures de travail aux États-Unis pourraient théoriquement être automatisées. Yang rejette les prévisions extrêmes d’un chercheur comme Roman Yampolskiy, qui prédisait une chômage de 99 % en cinq ans, qualifiant cette projection de « trop alarmiste ». Toutefois, il insiste sur la gravité du risque : si seulement la moitié des emplois vulnérables disparaissaient en dix ans, cela entraînerait une perte massive d’emplois, avec des conséquences sociales et économiques catastrophiques pour de nombreuses communautés. Son remède ? Un revenu universel garanti de 1 000 dollars par mois pour chaque adulte américain, qu’il appelle la « Freedom Dividend ». Il propose de financer ce programme par une taxe sur les entreprises dominantes dans le domaine de l’IA — une « taxe sur le calcul » ou « token tax » — inspirée d’une idée évoquée par Dario Amodei, PDG d’Anthropic. Selon Yang, ces géants technologiques, qui génèrent des milliards grâce à des données collectées sans consentement explicite, devraient assumer une part de la responsabilité financière. Avec un PIB par habitant de 85 000 dollars en 2024, il juge son projet modeste et réalisable. Yang reconnaît que le revenu universel ne résout pas tous les problèmes : les gens ont besoin de sens, de structure et de lien social. Mais sans stabilité financière, il avertit, des millions d’Américains risquent d’être marginalisés, voire poussés vers l’extrémisme. « Nous pourrions faire bien plus pour les millions d’Américains qui seront déplacés », conclut-il, rappelant que l’ère de l’IA exige une réponse politique courageuse et humaine.