Meta gagne procès AI, mais avertissement sur usage équitable.
Meta a remporté une victoire juridique majeure dans un procès de violation de droits d'auteur intenté par 13 auteurs qui accusaient la société d'utiliser illégalement leurs œuvres pour former ses systèmes d'IA sans autorisation. Le mercredi 18 octobre, le juge Vince Chhabria a rendu sa décision en faveur de Meta, estimant que l'utilisation de ces livres comme données d'entraînement pour les modèles de langage de grande taille (LLMs) tels que Llama était couverte par la doctrine du fair use. Cependant, le juge a également souligné des failles dans l'écosystème des efforts d'IA des grandes entreprises technologiques et dans les arguments de Meta pour défendre ses actions comme étant de l'usage équitable. Le juge Chhabria a indiqué que deux des arguments principaux des plaignants étaient « clairement perdants » : la capacité de Llama à reproduire des extraits de texte de leurs livres et l'affirmation selon laquelle Meta utilisait leurs œuvres sans permission, ce qui diminuerait leur capacité à les licencier pour l'entraînement d'autres modèles d'IA. Il a expliqué que Llama n'est pas capable de générer suffisamment de texte provenant des livres des plaignants pour avoir une réelle importance, et que les plaignants ne sont pas en droit de revendiquer un marché de licence pour l'utilisation de leurs œuvres en tant que données d'entraînement pour l'IA. Cependant, le juge a identifié un argument potentiellement gagnant qui n'a pas été suffisamment développé par les avocats des plaignants : la possibilité que l'IA produise des contenus similaires, saturant ainsi le marché et causant une dilution. Chhabria a exprimé des inquiétudes quant au fait que l'IA pourrait « inonder le marché avec une quantité infinie d'images, de chansons, d'articles, de livres et plus encore », avec un effort et une créativité beaucoup moindres que ceux nécessaires pour créer des contenus humains. Cette saturation pourrait « dramatiquement affaiblir l'incitation pour les êtres humains à créer des choses de manière traditionnelle ». Ce jugement s'inscrit dans un contexte plus large de procès intentés contre des entreprises d'IA majeures. Le lundi 16 octobre, le juge William Alsup a rendu une décision en faveur d'Anthropic, une startup d'IA, dans un cas similaire. Alsup a jugé que l'utilisation par Anthropic de millions de livres protégés par le droit d'auteur pour former ses modèles d'IA était « extrêmement transformative » et tombait sous le coup de la doctrine du fair use. Selon lui, l'IA d'Anthropic s'entraîne sur des œuvres non pour les reproduire ou les remplacer, mais pour « prendre un virage serré et créer quelque chose de différent ». Les procès de Meta et d'Anthropic surviennent alors qu'une vague de poursuites est lancée par des artistes, des cinéastes, des auteurs et des médias contre des acteurs majeurs de l'IA comme OpenAI. Les créateurs affirment que l'utilisation de leurs œuvres protégées par le droit d'auteur pour former des modèles d'IA sans permission constitue une violation de leurs droits. En revanche, les dirigeants de l'IA soutiennent qu'ils n'ont pas enfreint les lois sur le droit d'auteur car l'entraînement relève de l'usage équitable. Récemment, Disney a également intenté un procès à MidJourney, une entreprise générant des images par IA, l'accusant de copier des personnages célèbres issus de franchises comme « Star Wars » et « The Simpsons ». Ce cas illustre les tensions croissantes entre les grandes entreprises technologiques et les détenteurs de droits d'auteur concernant l'utilisation de contenus protégés pour former des modèles d'IA. Les avocats représentant les plaignants dans le procès contre Meta ont déclaré respecter la décision du juge mais ne sont pas d'accord avec elle. Ils n'ont pas commenté spécifiquement la façon dont Chhabria a caractérisé leurs arguments. Meta, quant à elle, n'a pas répondu aux demandes de commentaires de Business Insider. Dans le domaine de l'IA, les entreprises telles que Meta et Anthropic nécessitent d'énormes quantités de données pour développer leurs modèles de langage. Elles puisent ces données dans diverses sources, allant des publications sur les réseaux sociaux aux vidéos et aux livres. Cette pratique soulève des questions éthiques et légales importantes, notamment sur la nature de l'usage équitable et les droits des créateurs. Les décisions récentes des juges Chhabria et Alsup, bien qu'en faveur des entreprises technologiques, mettent en lumière les lacunes des arguments des plaignants et ouvrent la voie à des discussions plus approfondies sur l'impact économique et culturel de l'IA. Les experts et les observateurs de l'industrie s'accordent à dire que ces jugements ne résolvent pas complètement la question de la légalité de l'entraînement des modèles d'IA sur des contenus protégés. Ils soulignent que la doctrine du fair use reste un sujet de débat et que de nouveaux cas pourraient émerger pour clarifier davantage les limites de cette utilisation. Ces décisions marquent néanmoins un tournant important dans la bataille juridique autour de l'IA, montrant que les arguments des plaignants doivent être mieux structurés et appuyés par des preuves solides pour espérer une victoire. Le juge Chhabria a également critiqué le manque de développement de l'argument selon lequel l'IA pourrait nuire au marché des contenus créés par des humains. Cette critique souligne l'importance d'une analyse approfondie des impacts économiques de l'IA, qui devront être abordés dans les futures procédures judiciaires. Les entreprises technologiques et les créateurs doivent donc continuer à naviguer dans un paysage juridique en évolution, où les décisions actuelles ne font qu'ouvrir la voie à des débats futurs sur l'éthique et la légalité de l'entraînement des modèles d'IA. En conclusion, ces jugements reflètent une tension croissante entre l'innovation technologique et la protection des droits d'auteur. Tandis que Meta et Anthropic ont obtenu des victoires juridiques, les questions fondamentales sur l'impact de l'IA sur le marché des contenus créés par des humains restent en suspens. Les futures procédures et discussions devront s'attacher à trouver un équilibre entre l'avancement de l'IA et la préservation des droits des créateurs.