GPT-5 échoue en version grand public, mais fait des ravages dans l’entreprise
Le lancement de GPT-5 d’OpenAI a été mitigé auprès des consommateurs, confronté à des critiques sur son interface moins intuitive, entraînant la décision de rétablir temporairement GPT-4 pour les utilisateurs payants. Pourtant, ce modèle marque une tournante stratégique : il n’est pas conçu pour le grand public, mais pour conquérir le marché de l’entreprise, où OpenAI cherche à rattraper son concurrent Anthropic, déjà en avance. Moins d’une semaine après son lancement, des entreprises comme Cursor, Vercel et Factory ont déjà adopté GPT-5 comme modèle par défaut dans leurs outils clés, attirées par ses performances supérieures sur des tâches complexes, sa rapidité de mise en œuvre et un prix réduit. Certaines affirment que GPT-5 égale ou dépasse Claude, notamment dans la génération de code et la conception d’interfaces, un domaine autrefois dominé par Anthropic. Box, un acteur majeur de la gestion documentaire, a testé GPT-5 sur des documents longs et complexes — comme des contrats de location de plusieurs dizaines de pages ou des roadmaps produits — et son PDG, Aaron Levie, le qualifie de « rupture » grâce à une capacité de raisonnement inédite. Ce progrès est crucial pour les agents IA utilisés en entreprise, capables d’exécuter des tâches automatisées en arrière-plan. Derrière la scène, OpenAI a constitué une équipe de ventes enterprise de plus de 500 personnes, dirigée par le COO Brad Lightcap, opérant de manière autonome par rapport à Microsoft, son partenaire cloud principal. Les clients peuvent désormais accéder aux modèles via Azure ou directement via OpenAI, qui contrôle l’API et l’expérience utilisateur. Malgré des coûts de fonctionnement élevés — OpenAI devrait perdre près de 8 milliards de dollars cette année — la concurrence s’intensifie. Anthropic, bien qu’en tête avec 80 % de son chiffre d’affaires provenant du secteur entreprise, voit ses parts de marché menacées. En juin seul, la société a généré 1 milliard de dollars, portant son chiffre d’affaires annuelisé à 3 milliards sur six mois. Ses contrats avec des géants comme Amazon, Google Cloud, Snowflake ou Palantir, ainsi que son expansion rapide dans les secteurs pharmaceutique, aéronautique et services professionnels, témoignent d’une pénétration profonde. Le montant moyen dépensé par client a plus que quintuplé en un an, et plus de la moitié des clients utilisent désormais plusieurs produits Claude. Pourtant, GPT-5 montre une dynamique fulgurante. Son utilisation via l’API a doublé pour les tâches de codage et les agents, et les usages liés au raisonnement ont augmenté de plus de huit fois. Des plateformes comme Qodo ont testé GPT-5 contre des modèles leaders comme Gemini 2.5 ou Claude Sonnet 4, et l’ont jugé supérieur dans la détection de bugs critiques, notamment en matière de sécurité, tout en affichant quelques faux positifs. Vercel, qui a intégré GPT-5 dans son outil « vibe coding » permettant de créer des applications à partir de prompts en langage naturel, souligne sa créativité supérieure à Claude pour la conception initiale. Pour Factory, le facteur décisif a été le prix plus abordable, permettant aux utilisateurs d’expérimenter sans hésitation. Lovable, qui développe un outil permettant de créer des entreprises logicielles sans code, a salué la capacité de GPT-5 à agir, réfléchir à ses actions et s’assurer de la qualité de ses décisions. En somme, si GPT-5 n’a pas conquis les consommateurs, il s’impose déjà comme un acteur majeur dans le monde de l’entreprise, où performance, prix et capacité d’automatisation sont rois. OpenAI, en se concentrant sur les besoins des organisations, redéfinit la course aux IA à grande échelle.