Zuckerberg mise sur une « superintelligence personnelle » pour captiver votre temps libre, pas pour le gagner
Mark Zuckerberg a lancé un nouveau manifeste intitulé « superintelligence personnelle », marquant une réorientation stratégique majeure de Meta dans la course à l’intelligence artificielle. Contrairement à OpenAI, Anthropic ou Google, qui visent à créer des assistants capables de remplacer l’humain dans les tâches productives, Meta s’oriente vers une vision plus radicale : l’IA ne doit pas seulement accomplir des missions, mais occuper le temps libre que ces missions libèrent. Selon Zuckerberg, cette « superintelligence personnelle » — profondément intégrée à la vie de l’utilisateur, connaissant ses objectifs, ses préférences et ses relations — deviendra l’outil le plus utile, non pas en augmentant la productivité, mais en enrichissant l’expérience humaine par l’entraînement, la création et les liens sociaux. Cette stratégie reflète une reconnaissance tacite que Meta n’a pas réussi à concurrencer ChatGPT sur son terrain de prédilection : la productivité. Malgré des investissements massifs dans son assistant AI, intégré à Instagram, WhatsApp, Facebook et autres plateformes, Meta n’a pas réussi à capter l’attention des utilisateurs de manière durable. Face à cette réalité, la direction a pivoté vers ses atouts historiques : la captation d’attention et la monétisation de l’engagement. Chris Cox, directeur des produits de Meta, a clairement affirmé lors d’une réunion interne que l’entreprise ne se concentrerait plus sur la productivité, mais sur l’entertainment, les interactions sociales et la vie quotidienne — des domaines où Meta domine. Pour y parvenir, Meta va exploiter l’IA pour personnaliser davantage les contenus : générer des Reels sur mesure, proposer des recommandations plus précises, créer des avatars interactifs ou des personnalités IA pour enrichir les conversations. Cette approche, bien que potentiellement dystopique, correspond parfaitement à la culture d’entreprise centrée sur l’engagement. Il est significatif que le concept de « superintelligence personnelle » ait été initialement développé par Noam Shazeer, cofondateur de Character.AI, qui a été courtisé par Meta avant de rejoindre Google — un détail qui souligne les tensions et les rivalités dans le marché du talent IA. Meta fait aussi des efforts colossaux pour recruter les meilleurs talents, en offrant des packages salariaux au-delà du marché, mais avec des conditions strictes : les primes sont liées à des objectifs de performance, et peuvent être récupérées en cas de départ anticipé. Ces contraintes expliquent pourquoi certaines embauches ambitieuses échouent malgré les promesses. Parallèlement, l’IPO de Figma a mis en lumière une autre question clé : l’avenir des outils de design face à l’IA. Le PDG Dylan Field et son directeur des produits Yuhki Yamashita insistent sur la valeur du travail collaboratif, de l’alignement d’équipe et de la refonte itérative d’idées — des aspects que l’IA ne peut pas encore remplacer. Pour eux, le design reste un levier stratégique dans un monde saturé de produits générés par IA. Figma, fort de sa position de leader et de son réseau d’investissements dans les startups IA, pourrait acquérir des actifs pour renforcer sa position. Enfin, des mouvements clés dans l’écosystème tech — comme le transfert d’Adam Presser à TikTok pour gérer la séparation des données américaines, ou le départ de Margit Wennmachers d’Andreessen Horowitz — montrent que la course à l’IA s’étend bien au-delà des modèles et des algorithmes, touchant la gouvernance, la stratégie et les alliances.