OpenAI franchit une étape décisive : vers une entreprise "full stack" ambitieuse et financièrement soutenue
OpenAI est sur le point de surmonter une étape cruciale en mettant fin à son conflit contractuel avec Microsoft, ouvrant la voie à une stratégie ambitieuse et coûteuse de « full stack » qui pourrait hisser le géant de l’IA au rang des grandes entreprises technologiques — ou le précipiter dans une crise financière. Le 18 avril, la startup a annoncé la signature d’un mémorandum d’entente visant à réorganiser sa structure corporative, permettant ainsi d’émettre des actions classiques et de lever des fonds massifs. Cette réforme, saluée par son CFO Sarah Friar lors de la conférence technologique de Goldman Sachs, marque un tournant stratégique : OpenAI entend devenir une entreprise intégrée, contrôlant chaque maillon de la chaîne de valeur de l’IA, de la conception des puces aux applications grand public. La vision « full stack » repose sur une maîtrise totale des composants clés : énergie, puces, centres de données, modèles d’IA, plateformes pour développeurs, distribution et logiciels finaux. Bien que OpenAI dépende encore des fournisseurs cloud comme Microsoft pour ses infrastructures, Friar a affirmé que la société construirait ses propres centres de données à l’avenir, une décision stratégique pour assurer la maîtrise de ses opérations. Le secteur énergétique, fondamental pour alimenter les data centers, reste un défi, mais Sam Altman, CEO d’OpenAI, a investi personnellement dans des start-ups comme Helion, qui travaille sur la fusion nucléaire. Sur le plan des puces, OpenAI a recruté Richard Ho, ancien ingénieur chez Google chargé du développement des TPUs, pour diriger ses efforts en conception de puces spécialisées. Ce mouvement illustre l’ambition de réduire la dépendance aux fournisseurs externes comme NVIDIA. En parallèle, le modèle GPT-5 et l’arrivée d’un modèle à poids ouverts renforcent sa position au sommet de la chaîne des modèles d’IA. Avec près de 4 millions de développeurs utilisant ses APIs, la plateforme OpenAI s’est imposée comme un écosystème clé. La distribution, autre pilier de la stratégie, s’élargit grâce à l’acquisition de la start-up de Jony Ive pour plus de 6 milliards de dollars, ainsi que le lancement d’un navigateur web. L’ambition : intégrer ChatGPT dans des dispositifs portables, rendant l’IA omniprésente. Sur le plan des applications, OpenAI a nommé Fidji Simo, ancienne PDG d’Instacart, à la tête de ses activités logicielles, et embauché Vijaye Raji, cofondateur de Statsig, pour renforcer son expertise technique. La création de la « OpenAI Jobs Platform », une plateforme de recrutement proche de LinkedIn, illustre la volonté de concurrencer les géants du logiciel. Selon Eric Sheridan, analyste chez Goldman Sachs, cette transformation ressemble à celle de Google : une suite intégrée d’outils (recherche, e-mail, documents, calendrier, etc.) pilotée par l’IA. Pour y parvenir, OpenAI aura besoin de milliards de dollars, de talents exceptionnels et d’une chance inouïe. La résolution de son litige avec Microsoft devrait faciliter l’accès à des financements majeurs, dont au moins 10 milliards de dollars potentiels via SoftBank. Ce tournant marque non seulement une libération juridique, mais aussi une transformation fondamentale : OpenAI ne se contente plus d’innover dans un segment, elle vise à devenir une plateforme technologique complète, prête à rivaliser avec les géants du web.