Google envoie un signal fort : l’ascension de Gemini menace-t-elle le leadership d’OpenAI sur le marché des LLM pour l’entreprise ?
Google est-il en train de dévorer le repas d’OpenAI ? En examinant attentivement ce graphique publié par Menlo Ventures, on observe une évolution marquante sur le marché des API d’LLM (modèles linguistiques à grande échelle) destinées aux entreprises : OpenAI a vu sa part de marché passer de 50 % à 25 %, soit une perte conséquente de la moitié de ses parts. Parallèlement, Google a connu une croissance spectaculaire, passant de 7 % à 20 % — une progression qui ne peut pas être ignorée. Sur Reddit, les retours sur Gemini sont largement positifs. Cette montée en puissance n’est pas un hasard. Google dispose d’un avantage structurel inégalé : une distribution à trois niveaux clés — Android, l’application Gemini, et Google Search — et, si l’on inclut Google Cloud/AI, cela fait même quatre leviers stratégiques. Et pourtant, cette situation n’est pas nouvelle. Google a souvent été en retard sur le marché… puis a fini par dominer. Prenons quelques exemples emblématiques : Gmail, lancé en 2004, est arrivé bien après Hotmail (1996) et Yahoo Mail (1997). Pourtant, sa capacité de stockage gratuite de 1 Go — un record à l’époque — combinée à une recherche intégrée dans l’email, l’a propulsé au sommet. Aujourd’hui, il compte plus de 1,8 milliard d’utilisateurs actifs, devenant le service de messagerie le plus utilisé au monde. Les préoccupations autour des publicités ciblées n’ont même pas freiné son expansion. Chrome, lancé en 2008, est apparu dans un marché dominé par Internet Explorer (60–70 %) et Firefox (20–30 %). Google a commencé à zéro, mais grâce à sa vitesse, son interface sobre, une mise à jour constante, une stratégie marketing agressive, et surtout son intégration naturelle avec Android, il a rapidement pris le dessus. Aujourd’hui, Chrome détient plus de 65 % du marché des navigateurs. Google Maps, lancé en 2005, a dépassé MapQuest (1996) et Yahoo Maps (2002) grâce à son interface intuitive, ses images satellites, la fonction Street View, et son intégration fluide avec les autres services Google. Android, acquis en 2005, a été lancé en 2008, après iOS (2007) et d’autres systèmes comme Symbian ou BlackBerry OS. Grâce à sa licence open source, ses partenariats avec des fabricants de smartphones, et l’essor de son écosystème d’applications, il détient aujourd’hui entre 70 % et 80 % du marché mondial des systèmes d’exploitation mobiles. YouTube, racheté en 2006, était déjà concurrencé par Vimeo (2004) et d’autres plateformes. Mais sa capacité à héberger des vidéos à grande échelle, sa communauté d’utilisateurs, et son intégration avec Google Search en ont fait le leader incontesté du streaming vidéo, avec plus de 2,5 milliards d’utilisateurs actifs par mois. Et puis il y a Google Search, lancé en 1998, alors que des géants comme AltaVista, Yahoo ou Lycos étaient déjà présents. Son algorithme PageRank, qui classait les résultats par pertinence, a été un tournant. Aujourd’hui, Google détient plus de 90 % du marché mondial de la recherche. Ces exemples montrent une tendance claire : Google n’a pas besoin d’être le premier. Il suffit qu’il soit meilleur, mieux intégré, et capable de s’appuyer sur une infrastructure massive. Avec Gemini, Google dispose désormais de tous les ingrédients : une IA performante, une distribution massive, une intégration profonde dans ses produits phares, et une énorme capacité d’innovation. Alors, oui, il est peut-être en train de dévorer le repas d’OpenAI. Mais ce n’est pas une surprise. C’est une répétition de son histoire.