Tesla abandonne son projet Dojo, son supercalculateur IA in-house, pour se tourner vers Nvidia et ses partenaires externes
Tesla met fin aux activités liées à son supercalculateur d’intelligence artificielle Dojo, marquant un tournant stratégique majeur dans ses ambitions technologiques, selon des informations de Bloomberg. Le chef du projet, Peter Bannon, a quitté l’entreprise, et les membres restants de l’équipe ont été réaffectés à d’autres projets liés aux centres de données et au calcul au sein de Tesla. Cette décision suit le départ d’une vingtaine d’ingénieurs qui ont fondé une nouvelle startup, DensityAI, en secret. Cette entreprise, dirigée par Ganesh Venkataramanan, ancien responsable de Dojo, ainsi que par Bill Chang et Ben Floering, développe des puces, du matériel et des logiciels pour des centres de données dédiés à l’IA, la robotique et les applications automobiles. L’arrêt de Dojo intervient alors que Tesla traverse une période critique. Elon Musk, qui avait présenté Dojo comme la pierre angulaire de ses ambitions en matière d’automatisation complète, a longtemps insisté sur sa capacité à traiter des volumes massifs de données vidéo. Il en a parlé brièvement lors de l’appel aux actionnaires du deuxième trimestre 2024. En 2023, Morgan Stanley estimait que Dojo pourrait ajouter jusqu’à 500 milliards de dollars à la valorisation de Tesla grâce à des services logiciels et des véhicules autonomes. Musk avait même annoncé une intensification des efforts sur Dojo en prévision du lancement du robotaxi en octobre 2023, bien que ce lancement ait été limité à Austin, avec des véhicules Model Y accompagnés d’un passager humain, et a été marqué par plusieurs incidents de conduite problématique. Depuis août 2024, Musk a progressivement tourné la page de Dojo pour promouvoir Cortex, une nouvelle supergrappe d’entraînement d’IA en cours de construction à l’usine de Tesla à Austin, conçue pour résoudre des problèmes d’IA du monde réel. Dojo, qui combinait un supercalculateur et une fabrication de puces internes, avait vu le jour en 2021 avec la présentation du chip D1. Tesla prévoyait également un D2 pour résoudre les goulets d’étranglement de performance. Cependant, les sources indiquent que Tesla va désormais renforcer sa dépendance à Nvidia, tout comme à AMD pour le calcul et Samsung pour la fabrication. Un accord de 16,5 milliards de dollars a été signé avec Samsung pour produire les puces AI6, conçues pour fonctionner à la fois sur les systèmes FSD, les robots Optimus et les centres de données d’IA haute performance. Lors de l’appel du deuxième trimestre, Musk a suggéré une convergence entre Dojo 3 et la puce AI6, en soulignant l’intérêt d’un unique chip pour plusieurs usages. Cette évolution s’inscrit dans un contexte où le conseil d’administration de Tesla propose à Musk une rémunération de 29 milliards de dollars pour le maintenir au sein de l’entreprise, afin de se concentrer sur les projets d’IA et éviter les distractions liées à ses autres entreprises, notamment xAI. Les experts du secteur estiment que ce changement de cap reflète une reconnaissance des difficultés techniques et économiques liées à la fabrication de puces et de supercalculateurs à grande échelle. La stratégie de Tesla semble désormais privilégier l’interopérabilité et l’efficacité via des partenariats externes plutôt que l’autosuffisance technologique. Cette décision pourrait renforcer la position de Tesla dans l’écosystème de l’IA, tout en réduisant les risques liés à des projets complexes et coûteux comme Dojo.