OpenAI lance GPT-oss aux poids ouverts : la Chine pourrait accélérer sa course à l’IA open-source
L’annonce par Sam Altman, PDG d’OpenAI, de GPT-oss, une famille de modèles linguistiques à poids ouverts, a suscité l’attention des analystes, qui soulignent que cette initiative pourrait marquer un tournant dans la course à l’intelligence artificielle entre les États-Unis et la Chine. Contrairement aux modèles précédents, GPT-oss permet à tout utilisateur de consulter et d’utiliser les poids du modèle — c’est-à-dire les paramètres internes qui déterminent son fonctionnement — sans pour autant avoir accès au code source complet. OpenAI affirme que ce modèle représente « le meilleur et le plus utilisable modèle ouvert au monde », une déclaration qui intervient après plus de cinq ans sans nouvelle version à poids ouverts, depuis GPT-2 en 2019. Selon Ray Wang, directeur de recherche chez Futurum Group, cette annonce est probablement une réponse à l’impact des modèles open-source chinois, notamment ceux de DeepSeek, dont les versions récentes ont provoqué une forte réaction sur les marchés en janvier. Bien que la Chine conserve un léger avantage grâce à un écosystème plus vaste et diversifié — avec des modèles comme Qwen (Alibaba), ERNIE 4.5 (Baidu), Kimi K2 (Moonshot) ou encore les dernières versions de DeepSeek — l’arrivée de GPT-oss permet aux États-Unis de rattraper le retard. « Cette initiative a réduit l’écart », estime Wang, soulignant que les performances et les dimensions des nouveaux modèles d’OpenAI sont désormais compétitives. Cependant, cette percée pourrait inciter les entreprises chinoises à accélérer leurs propres lancements open-source, afin de maintenir leur influence auprès des développeurs. Wei Sun, analyste principale en IA chez Counterpoint Research, prévoit que les acteurs chinois viseront davantage l’ancrage écosystémique, en intégrant leurs modèles dans des plateformes dominantes comme Alipay ou WeChat, pour générer des revenus via les applications finales plutôt qu’au niveau du modèle lui-même. L’enjeu est stratégique : si les États-Unis ne renforcent pas leur position dans le domaine de l’IA open-source, les modèles chinois pourraient devenir la base par défaut pour les recherches et applications mondiales. Nathaniel Lambert, scientifique principal à l’Allen Institute for AI, prévient que « sans investissement dans cette course, les normes de développement de l’IA risquent de devenir chinoises ». Cela pourrait transformer les entreprises américaines en marchés secondaires, alors qu’elles ont longtemps dominé l’évolution technologique. Pour Lian Jye Su, analyste chez Omdia, la stratégie chinoise va au-delà du simple partage de technologie : elle vise à capter l’engagement des développeurs, à influencer les standards et à contourner les restrictions croissantes sur l’accès aux technologies américaines. Le plan « America’s AI Action Plan » du gouvernement Trump insiste d’ailleurs sur la nécessité de développer des modèles open-source fondés sur des valeurs américaines, afin d’éviter une hégémonie technologique chinoise. Malgré l’importance symbolique de GPT-oss, certains analystes restent prudents. Sun estime que cette initiative reste « plus symbolique que structurelle », car elle ne respecte pas pleinement la définition de l’open source selon l’Open Source Initiative. De plus, le timing — juste après la publication du plan américain — suggère une dimension politique et de communication. D’autres entreprises américaines comme xAI (Grok-1), Google DeepMind (Gemma) ou Meta (Llama) ont également adopté des modèles à poids ouverts, mais Mark Zuckerberg a récemment laissé entendre que les modèles les plus puissants de Meta ne seront pas toujours disponibles librement. En somme, si GPT-oss marque une avancée significative, il ne signifie pas nécessairement un changement de culture profond dans l’industrie américaine. La Chine, quant à elle, continue de renforcer son élan, tant sur le plan technologique que stratégique, au risque de façonner l’avenir de l’IA mondiale.