L'IA ne boostera pas la productivité humaine demain, prévient la Réserve fédérale, mais pourrait révolutionner l'économie à long terme
Une nouvelle étude du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale américaine souligne que l’intelligence artificielle générative (IAG) pourrait révolutionner la productivité humaine à long terme, mais que son impact ne sera pas immédiat. Bien que l’IA soit souvent perçue comme une nouvelle vague de hype technologique, l’institution estime qu’elle se distingue des précédentes par ses caractéristiques de « technologie générale » et de « méthode d’invention », capables de générer des gains de productivité durables, comparables à ceux apportés par l’électricité ou le microscope. L’analyse met en lumière que l’IA générative ne se contente pas d’automatiser des tâches, mais qu’elle a le potentiel d’accélérer l’innovation elle-même, en aidant à concevoir de nouveaux produits, à simuler des phénomènes complexes ou à accélérer la découverte de médicaments. Le rapport distingue deux types de technologies à effet durable sur la productivité. Le premier, les « technologies générales », comme l’accumulateur électrique ou l’ordinateur, continuent d’engendrer des progrès même après leur adoption massive, en stimulant des innovations complémentaires. L’IA générative, avec ses modèles linguistiques spécialisés (comme LegalGPT) et ses assistants intégrés (comme Microsoft Copilot), montre déjà des signes de cette dynamique. Le deuxième type, les « inventions de méthodes d’invention », comme la presse à imprimer ou le microscope, transforment la manière dont l’innovation est réalisée. L’IA, en aidant à concevoir de nouvelles idées ou à explorer des espaces de recherche inaccessibles auparavant, entre clairement dans cette catégorie. Cependant, le rapport insiste sur un constat crucial : l’adoption massive de l’IA sera lente et risquée. Malgré les progrès rapides des modèles comme Deepseek R1 ou les systèmes agents, la majorité des entreprises, en dehors du secteur financier et des géants technologiques, n’ont pas encore intégré l’IA dans leurs processus opérationnels. Les entreprises de petite taille adoptent l’IA beaucoup moins que les grandes, et le manque de formations, d’interfaces utilisateur adaptées, de systèmes d’infrastructure et de agents autonomes freine son déploiement. L’histoire des innovations majeures, comme celle des ordinateurs, montre que les effets productifs se sont accumulés sur des décennies avant de se traduire par une croissance économique notable. Les économistes de Goldman Sachs prévoient que les effets de l’IA sur la productivité et la croissance du PIB aux États-Unis commenceront à se manifester vers 2027, pour atteindre un pic dans les années 2030. Le risque majeur réside dans l’investissement prématuré dans l’infrastructure, comme les centres de données et les réseaux énergétiques. Comme lors de la sur扩张 des chemins de fer au XIXe siècle, une surcapacité induite par des attentes excessives pourrait entraîner des pertes massives si la demande ne suit pas. En somme, la Réserve fédérale est optimiste sur le potentiel transformateur de l’IA, mais insiste sur la nécessité d’une adoption progressive, bien encadrée et accompagnée de réformes institutionnelles. L’avenir de la productivité dépendra moins de la technologie elle-même que de la capacité des entreprises, des gouvernements et des travailleurs à l’intégrer efficacement dans l’économie.